samedi 2 décembre 2017

Ne pas se reconnaître dans un rêve. Chercher la fille aux cheveux longs au réveil. Lui demander ce qu'elle en a fait, ce qu'elle a fait de son chat, ce qu'elle a fait de son mari. Chercher le corbeau sur l'épaule.
Ramasser sa tignasse noire pour ne pas se prendre les pieds dedans. En faire une tresse immense. Escalader l'immeuble à la corde. Se dire que derrière la fenêtre, elle sera là, assise, une théière fumante à ses côtés. Elle aura l'éventail de la dame aux camélias dans sa main, celui qui te faisait rêver, rouge et noir avec sa texture de nougat. Il ne faudra pas longtemps pour qu'elle dise. Elle te reconnaîtra.
Elle ouvrira la fenêtre. Et nous serons nombreuses soudain. Nous serons si nombreuses et volubiles dans la pièce, empressées. L'immeuble se défaira comme un puzzle. Nous nous égaillerons aux quatre coins de la ville. Ta tresse sera comme un chemin. Elle deviendra un arbre, un arbre nu et noir sur le coteau. Des fleurs de camélia le recouvriront un instant en un ballet de flocons pourpres.
Tu seras l'arbre. Tu seras la fille aux cheveux longs et noirs, une fleur de camélia contre ton sexe. Je te prendrai tout contre moi, en moi. Je parlerai au corbeau. Il reviendra, il se posera sur mon épaule. Tout s'arrêtera alors. Il n'y aura plus besoin de dire. Rien.